L' externalisation et le cost-killing
J’ai lu un très bon article aujourd’hui dans La Tribune sur l’évolution des méthodes de management dans les entreprises. L’auteur de l’article se demandait si nous n’étions pas allés trop loin dans l’ «outsourcing» au sein des entreprises (l’externalisation des services).
Il est vrai que de plus en plus d’activités sont externalisées par les grands donneurs d’ordre, faisant généralement partie du CAC40. Pour commencer il y a eu le ménage, la restauration, la maintenance, le secrétariat… Maintenant la production et la logistique sont parfois externalisées (entreprises dites "fab-less"). Les grands constructeurs d’automobiles se font directement livrer des sous-ensembles qu’ils ne font qu’assembler. La conception et la recherche et développement est de plus en plus confié aux fournisseurs dans le but de « partager les risques » !
Même les forces vives travaillant au sein du donneur d’ordre sont parfois « extérieures », car appartenant en fait aux SSII et autres sociétés de prestations ou de conseils en ingénierie.
Mais à force de tout externaliser, il ne reste plus grand-chose ! Les grands groupes s’amaigrissent et ne seront bientôt plus que des agences de marketing et des groupes financiers. Le savoir-faire se perd et quand les fournisseurs le détiennent, ils peuvent en faire profiter les concurrents ! Les ingénieurs en prestation naviguent eux d’une entreprise à une autre, sans jamais y être pleinement intégrés.
Les coups de pression (ou « cost-killing ») des grands groupes sur leurs fournisseurs ne dureront qu’un temps. Il est facile de gagner 30% sur trois ans en pressant ses fournisseurs comme des citrons. Mais quand un fournisseur dépose son bilan ou se retrouve en graves difficultés, on a plus accès à son savoir-faire et l’innovation en prend un coup ! Pour la bonne santé de l'industrie, il est nécessaire que les équipementiers et fournisseurs puissent dégager des profits, eux-aussi, pour investir et innover !
Concernant l’automobile, je me pose d’ailleurs cette question : reste-t-il encore vraiment un savoir-faire « unique » chez les constructeurs ? Depuis quelques années les innovations importantes sont presque toutes issues des sous-traitants et se retrouvent donc rapidement chez tous les constructeurs.
Et si les sous-traitants décidaient désormais de revendre leurs innovations uniquement aux plus offrants, mettant en concurrence les constructeurs qui veulent avoir des nouveautés à proposer à leurs clients. Et si certains sous-traitants qui réalisent maintenant la majorité de la valeur d’un véhicule se mettaient à en construire eux-aussi ? Après tout, pourquoi le paysage automobile se limiterait aux constructeurs actuels et aux nouveaux arrivants chinois ou Coréens. Pourquoi pas des sous-traitants ?
Honda d’ailleurs se lance dans l’aviation, prouvant qu’investir un nouveau secteur est toujours possible… (lien et lien)
Finalement, je crois que l’auteur de cet article avait raison : la méthode de management qui consiste à faire régner la terreur sur ses fournisseurs a assez duré, il est temps de passer à autre chose. D’ailleurs les récentes affaires de corruption chez les constructeurs allemands ou Faurecia le démontrent : le système dérive et s’autodétruit !
Il est vrai que de plus en plus d’activités sont externalisées par les grands donneurs d’ordre, faisant généralement partie du CAC40. Pour commencer il y a eu le ménage, la restauration, la maintenance, le secrétariat… Maintenant la production et la logistique sont parfois externalisées (entreprises dites "fab-less"). Les grands constructeurs d’automobiles se font directement livrer des sous-ensembles qu’ils ne font qu’assembler. La conception et la recherche et développement est de plus en plus confié aux fournisseurs dans le but de « partager les risques » !
Même les forces vives travaillant au sein du donneur d’ordre sont parfois « extérieures », car appartenant en fait aux SSII et autres sociétés de prestations ou de conseils en ingénierie.
Mais à force de tout externaliser, il ne reste plus grand-chose ! Les grands groupes s’amaigrissent et ne seront bientôt plus que des agences de marketing et des groupes financiers. Le savoir-faire se perd et quand les fournisseurs le détiennent, ils peuvent en faire profiter les concurrents ! Les ingénieurs en prestation naviguent eux d’une entreprise à une autre, sans jamais y être pleinement intégrés.
Les coups de pression (ou « cost-killing ») des grands groupes sur leurs fournisseurs ne dureront qu’un temps. Il est facile de gagner 30% sur trois ans en pressant ses fournisseurs comme des citrons. Mais quand un fournisseur dépose son bilan ou se retrouve en graves difficultés, on a plus accès à son savoir-faire et l’innovation en prend un coup ! Pour la bonne santé de l'industrie, il est nécessaire que les équipementiers et fournisseurs puissent dégager des profits, eux-aussi, pour investir et innover !
Concernant l’automobile, je me pose d’ailleurs cette question : reste-t-il encore vraiment un savoir-faire « unique » chez les constructeurs ? Depuis quelques années les innovations importantes sont presque toutes issues des sous-traitants et se retrouvent donc rapidement chez tous les constructeurs.
Et si les sous-traitants décidaient désormais de revendre leurs innovations uniquement aux plus offrants, mettant en concurrence les constructeurs qui veulent avoir des nouveautés à proposer à leurs clients. Et si certains sous-traitants qui réalisent maintenant la majorité de la valeur d’un véhicule se mettaient à en construire eux-aussi ? Après tout, pourquoi le paysage automobile se limiterait aux constructeurs actuels et aux nouveaux arrivants chinois ou Coréens. Pourquoi pas des sous-traitants ?
Honda d’ailleurs se lance dans l’aviation, prouvant qu’investir un nouveau secteur est toujours possible… (lien et lien)
Finalement, je crois que l’auteur de cet article avait raison : la méthode de management qui consiste à faire régner la terreur sur ses fournisseurs a assez duré, il est temps de passer à autre chose. D’ailleurs les récentes affaires de corruption chez les constructeurs allemands ou Faurecia le démontrent : le système dérive et s’autodétruit !
0 Comments:
Enregistrer un commentaire
<< Home